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En tête à tête avec Sa Qua Na

Je ne suis pas une habituée des repas en tête à tête avec moi même au restaurant. Poussée par la gourmandise et la curiosité, j’ai franchi le pas deux fois la semaine dernière. Expérience déroutante et singulière, on s’arrête sur les détails qui passent au travers des discussions avec ses compagnons de table.

Pascade Aveyronnaise rien que pour moi, il n’en restera pas une miette

Le plat signature : lotte pochée au citron vert, livèche et coriandre, bouillon clair à la noix de coco et huile de combava

Saumon étuvé aux graines de céleri, raviolis de poireaux et gingembre, jus de porc et lard grillé

Filet de daurade tout juste cuit, asperges et radis, algues, beurre et pain recuit

Emulsion de laitue et huîtres, brocolis, tempura à l’encre de seiche et saint pierre juste cuit

Crème de pomme de terre au bouillon de poule, foie gras de canard, chips et roquette

Selle d’agneau de l’Aveyron rôtie, côtes de blettes, chermoula, yaourt, pâte de coco et fleur d’oranger

Poiré, du cidre mais avec des poires !

Le fameux saladier de salade !

Plateau de fromages de François Olivier à Rouen, avec un Comté qui m’a envoyé tout droit jusqu’à l’orgasme

Far breton croûté de sucre demi sel et coriandre, chantilly légère au pamplemousse, piment et réduction muscovado

Oeuf… caramel, chocolat, passion

En traversant le pont de Normandie, l’excitation a pointé le bout de son nez. J’allais retrouver cette table douce et pure, presque un an après mon premier déjeuner.

A table au bord de la fenêtre, c’est le spectacle de la vie qui s’offre à moi. Tour à tour, les cuistots et les serveurs du bistrot d’en face se relayent pour se griller une clope. On distingue sans problème les touristes des autochtones. Les uns marchent, le pas sûr et décidé. Les autres, la tête en l’air et le sac en bandoulière, s’arrêtent sur les façades, errent avec nonchalance. Les touristes en quête d’une balade bourrée d’incertitudes, découvrent la ville et ses chemins inconnus. Ils ont tous un paletot sur le dos, le temps n’est pas vraiment clément. Il y a aussi sont ceux qui font une pause sur un bout de banc pour écrire une carte postale. Des vues de l’estuaire, le bassin d’Honfleur à la tombée de la nuit., les valeurs sûres. Les plus caustiques, eux, osent l’image grivoise du trou normand – et il ne s’agit pas de la boisson.

Mais lorsque l’assiette se pose sur la table, tout le reste se fige. C’est entre elle et moi. Un duel sans pitié. De toute évidence, c’était pour elle, perdu d’avance.

Sa Qua Na – 22, place Hamelin à Honfleur – www.alexandre-bourdas.com

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