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La Tour d’Argent à Paris

« On se fait un déj’ de Noël toutes les deux à la Tour d’Argent, pour rendre visite à notre Champion du Monde de Pâté-Croûte ? ». C’est ce jour là où j’ai compris qu’Audrey était aussi cinglée que moi. Je la connais depuis peu mais il y a un truc assez indescriptible chez elle qui vous fait dire « waouh ». Waoouh parce qu’elle dégage quelque chose de solaire, waouh parce qu’elle affiche toujours un sourire sincère, waouh parce qu’en plus d’être belle, elle est tellement drôle. Un Kelly au bras, voilà qu’elle vous décoince le liftier en lui racontant des conneries sur la fin du monde « vous voulez que je demande aux mayas qu’ils vous épargnent ? ». Fabuleusement poilante Audrey.

On rigole, on rigole, nous avons cessé de rire quand, à notre arrivée au restaurant, on nous a envoyé directement dans la cave. Ah bon ? Nous sommes punies ? Au lieu de grimper sur les toits de Paris, le liftier nous envoie dans les sous-sols et là… Tadaaaaaam. Une grille se dresse, forte et robuste. Devant nous, une pénombre presque intimidante. La ferraille s’ouvre et l’on pénètre un lieu incroyable. « Est-ce que vous souhaitez un manteau pour faire la visite de la cave ? », l’hôte des lieux a pensé à tout. Nous voilà, perchées sur nos talons et dans nos tenues de midinettes, dans l’une des plus belles caves qu’il puisse exister au monde. Sans rien boire, l’ivresse vous gagne, c’est féérique. Je n’ai jamais rien vu de tel. On se croirait presque dans un lieu imaginaire, dans un film, non ce n’est pas réel, pincez-moi, je rêve ? Des bouteilles, des bouteilles, encore des bouteilles… La cave s’étend sur 2 étages, sur pas moins de 900 m2, environ 400 000 flacons s’y entassent. Le petit tour s’achève lorsque la cloche retentit, c’est le signal, un client quelques étages au-dessus a commandé une bouteille, alors au boulot ! Au boulot et nous direction tout en haut !

Nous, on retrouve notre petit liftier tellement mignon dans son habit. L’ascenceur nous libère et… Et là… On découvre cette salle de restaurant, clinquante, claquante, rayonnante comme Audrey. Epoustouflante cette mosaïque au sol, cette vue sur Notre-Dame, ces godets en argent, ces nœuds pap’ et ces queues de pie. La lumière du jour côtoie la cathédrale qui chatouille un ciel plutôt gris et sombre ce qui rend la salle encore plus brillante.

Petit tour de la cave, dans une ambiance mystique

La carte des vins lourde de presque 8 kilos, avec « seulement » 15 000 références !

Pâté en croûte « cocktail » (qui ne ressemble en rien à celui acheté à Carrouf hein…)

Navets, jaune d’oeuf, caviar

Quenelles de brochet André Terrail

Saint-Jacques en tartare et betteraves multicolores

Plat de côte de boeuf braisé, purée truffée

Filet de canette de Vendée, patate douce et mandarine

Tartelette marron airelles façon Mont-Blanc

Allumette croustillante citron et noisette

Vue sur Notre-Dame

Petit tour en cuisine

A gauche : le champion de pâté-croûte, Yohan Lastre, nous dévoile son premier croquis pour la préparation du Championnat du Monde. A droite : vue sur les toits de Paris et la Tour Eiffel depuis les cuisines

A la fin du repas, vous repartez avec la carte qui identifie votre canard dégusté un peu plus tôt

Le décor somptueux était posé. Et pour dire vrai, concernant la suite des choses, je m’attendais au pire. Je m’attendais au pire sans savoir quoi espérer finalement. La Tour d’Argent est l’un de ces restaurants mythiques – je vous conseille de lire l’histoire des lieux – où l’on se dit qu’on va bouffer plus de poussière historique que de cuisine gastronomique. Mais mon idée du pire est devenue l’incarnation du meilleur. Menu déjeuner à 68 euros absolument surprenant. Une démonstration de délicatesse et de modernité là où j’imaginais une bonne grosse bouffe gastro ancrée dans le passé. Service du même acabit, très complice face aux facéties de mon amie, sourires clairement affichés, attentions de tous les instants.

A cela s’ajoute la vue qui rendrait fou n’importe quel touriste et n’importe quel Parisien finalement. Notre-Dame en majestueuse voisine de table, effet radical, magistral. Je n’ai pas vu le temps passer et en quelques heures, tout a changé, la nuit est tombée, les rues et la cathédrale se sont illuminées… Un tour en cuisine plus tard et le sort en est jeté, oui je reviendrai.

Merci pour tout ma chère Audrey.

 15, quai de la Tournelle à Paris – 01 43 54 23 31- www.latourdargent.com

9 commentaires

  • Alexandre says:

    Une nouvelle fois, tu racontes cela si bien que j’ai l’impression d’y être un peu aussi :o)

  • clairettededie69 says:

    …et en plus, tu es poète… merci de nous avoir fait partager ce moment qui nous fait dire « moi aussi, j’irai là-bas »…

  • Mag says:

    Bonjour,

    je découvre votre blog et tombe sous le charme de cette première lecture. C’est drôle, mais avant celle-ci, je n’aurais pas pensé vouloir y aller, maintenant, si ! Merci !

  • Choup says:

    Ca donne envie! C’est trop mignon en plus le commentaire du début sur la fameuse Audrey. Bonne continuation!

  • Le restaurant plus beau du monde

Les commentaires sont fermés.

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